Les Accents têtus

Paradis perdu

S’asseoir.
Sur l’ourlet d’un roc de schiste, granuleux et tranchant, feuilleté de couleurs, ocres pâles roses passés gris perdrix et la sombre lumière de l’éclat du mica, l’ombre bleutée violette soulignant l’implacable lumière réchauffant de douceur l’air limpide exaltant. Au-dessus, des pins à crochets, ou bien sont-ce des chênes verts, dessins de poussière, et lignes torturées, qui sculptent une couronne protectrice, un cirque céruléen brouillé de phosphorescences solaires.

Basculer.
Se laisser glisser avec confiance en arrière, corps retourné, l’espace d’un instant avoir les pieds dans l’azur, passer dans l’autre monde, cristallin, sourire thermique, fraîcheur tonifiante pourtant, voir au loin dans un brouillard d’intense lumière, rais scintillants, zones inquiétantes, nager dans le quartz.

Onduler.
Se laisser flotter à mi-eau, oublier les amis, laissés à la surface sur les roches arrondies alanguies sphères cuites et 
portées au blanc.
Être éternel. 

Alfonso Muñecas

Poésie issue de l’atelier La fabrique poétique

21/09/2021