Les Accents têtus

Haute Couture

Je ne sais pas très bien pourquoi je me lancerai dans la couture.
Je n’ai pas l’habitude de coudre des boutonnières, de faire un ourlet ou de ravauder des vêtements anciens. 
Je n’y connais rien au bouton de manchette ou à la contre doublure.

C’est peut-être l’idée de suivre un fil, de me faufiler.

Grâce au fil à bâtir, je pourrai me lancer dans le raccommodage.
Je commencerai par choisir mon aiguille fine, un dé à ma taille pour éviter de me blesser, je choisirai une étoffe que je ferai boire, je la tiendrai lâche en la cousant.
Je ferai des allers-retours pour tisser et broder mon ouvrage.

Je commencerai peut être par découdre ce qui est douloureux, lambeau par lambeau, défaire les points de chaînette, les points de feston et ceux en zigzag. 
Cela risque de prendre un peu de temps…

Je me lancerai dans une pièce de drap enfin solide, finies les pelotes entremêlées.
Je choisirai le point droit ou bien le point de tige, voir le point de croix.

J’éviterai le pied de biche quoique quelquefois un bon coup de pied de biche bien placé pourrait soulager à moins qu’un coup de ciseau cranteur soit plus efficace.

Non, restons petite main, restons pli éventail, plutôt un pli Dior qu’un coup de poignard !

Choisir, l’entre-deux, prendre un arrondisseur, se lancer dans la coulisse.
Je prendrai une craie de tailleur, je décolletterai, je découdrai pour mieux repriser avec un joli liseré cette fois.

Finies le piqûres ! 
Cette fois, je ganse, je fronce, j’écourtiche, j’échancre, je surjette !

Oui, je me lance dans la Haute Couture !

Rose

Texte issu de l’atelier la fabrique poétique

21/09/2021