Les Accents têtus

Lune de sang

Lorsque la Loba à fini de ramasser les différents ossements qui l’intéressent, on raconte qu’elle se met à les rassembler, tous. Tous les squelettes des différents animaux qu’elle a amassés. Des centaines et des centaines d’animaux de toutes tailles, de toutes sortes, tous rassemblés pour former une seule et même bête.
Lorsqu’ils sont enfin placés, elle se met à chanter. Alors que d’habitude, les sons qu’elle émet sont plus animaux qu’humains, alors que d’habitude, tout ce qu’on entend d’elle sont des grognements, des sifflements et cris en tous genres, ce soir-là s’élève la voix d’une sirène. Une voix magnifique, envoûtante, une voix qui ne peut qu’obtenir ce qu’elle demande.
Et répondant à cet appel, les os se mettent en mouvements. Ils se lèvent, se rassemblent, l’air qui les entoure devient chair et sang. Devient muscles, croûte, écailles et plumes.
La cérémonie dure des heures, des jours, les avis divergent, certains disent entendre ces chants pendant des années, mais peut-être n’est ce que des échos à travers les montagnes. À la suite de cette nuit, des gens deviennent fous, il y a des morts, mais jamais par une bête. Car la bête se fait dévorer. Dévorer par la Loba qui, son repas achevé, redevient celle qu’elle était jadis, pendant une journée.
Puis la journée achevée, elle se met en quête de son prochain repas.
Pour tout recommencer, à la prochaine lune de sang.

Augustine

26/06/2021