Les Accents têtus

Chère Rosalie

Lisieux, ce 24 mai

Chère Rosalie, chère enfant,

Je viens de retrouver dans mon livre de psaumes votre courrier bien plié à la page du Magnificat. Et je me rends compte à ma grande confusion que, toute occupée par mes responsabilités liturgiques, j’ai complètement oublié de prier des dizaines de chapelets pour vous comme je m’y étais engagée.

C’est que, depuis Pâques, j’ai été absorbée par la préparation de la procession de la Fête-Dieu qui s’est déroulée hier dans le jardin de l’évêché. Pour cette procession, nous réalisons des tapis avec des pétales de fleurs. Nous travaillons avec de grands pochoirs de deux mètres sur soixante quinze centimètres. Nous les posons sur les graviers de l’allée et nous les « remplissons » avec des pétales. C’est la saison des pivoines, des roses et des marguerites. Nous allons avec des paniers voir les paroissiens et ils nous donnent des fleurs. Ensuite nous récupérons les pétales et les trions par couleur. La collecte des fleurs se fait l’avant- veille de la procession. Les motifs fleuris des tapis sont réalisés la veille. Nous prions pour qu’il ne pleuve pas la nuit suivante. Et le dimanche, la procession avance lentement d’un reposoir à un autre, en foulant les tapis de pétales et leurs délicates arabesques.

Pendant plusieurs semaines j’ai travaillé pour dessiner des pochoirs nouveaux pour cette année. Et le jour de la réalisation des tapis, j’étais « la grande ordonnatrice » pour coordonner toutes les équipes d’enfants qui nous ont apporté leur aide.

Avec tout cela j’ai oublié la promesse de prières que je vous avais faite et vous m’en voyez très contrite. Je vais donc commencer dès ce soir une neuvaine pour vous. Et pour me faire pardonner – mais pourrez –vous me pardonner ?- je vous envoie trois photos des tapis de fleurs de la procession.

Que la joie de la Fête-Dieu vous accompagne pendant tout le temps de la neuvaine ! Et que la sérénité habite votre cœur !

Sœur Hortense

31/07/2012