Les Accents têtus

Dans la grande pièce au parquet de bois blanchi

Dans la grande pièce au parquet de bois blanchi, une table carrée, simple et bien plantée dans le sol. Le grand mur du fond est tapissé de livres en tous genres : dictionnaires, romans, poésie… Un peu en retrait, un canapé vide, qui ne demande qu’à accueillir, attend.

Contrastant avec cette tranquillité, autour de la table onze chaises, habitée chacune maintenant par un occupant un peu inquiet. Pour trois d’entre elles (elles, les chaises), un occupant de sexe masculin ; pour les huit autres de sexe féminin. Et là, elles le sentent bien les chaises, cette intranquillité chez leurs occupants : chacun s’y est posé sans savoir vraiment ce qui allait advenir.

La onzième personne elle-même, bien que maitresse de cérémonie, peut s’attendre à tout de la part de ces inconnus qui se sont installés à sa table entre dix neuf heures cinquante et vingt heures quinze ce jeudi là.

Mais déjà les crayons crissent sur les feuilles blanches, les regards se perdent dans le lointain ou bien se posent sur un visage, de l’autre côté de la table, le front se plisse, la pensée s’évade puis revient au galop, et se pose sur la page blanche – vite, vite ou très lentement, par saccades.

La onzième personne, maitresse de cérémonie, vestale du lieu, se déplace silencieusement. De l’eau coule. Dehors déjà, la nuit est tombée.

Au-delà de ces hautes fenêtres, plus rien n’existe pour moi. Sacha commence à lire son texte à voix haute. Je l’écoute comme le font les neuf autres occupants des chaises autour de la table carrée, simple et bien plantée dans le sol.
Ce soir, c’est mon premier atelier d’écriture.

Soizik

30/07/2012