Les Accents têtus

LES PALIMPSESTES

Où ai-je appris à lire ?
Peut-être bien à l’école maternelle de la rue du Poteau.
A quel âge ? Je ne sais.
Mais quand ma prose est devenue intéressante, là je peux le dire.
Début 42, au village, à Cinqueux.
Arrivé avec ma sœur fin 41, devenu quelqu’un d’autre, je fus assez rapidement scolarisé dans l’école du village.
Bon élève. Facile, le niveau n’était guère élevé. Tous mes copains copines bien plus experts en jardinage que moi, mais quant à mettre des mots sur une page, j’ai très vite pris la tête de tous les cancres que nous étions.
Je n’avais pas encore l’accent du coin, et les idiomes qui allaient avec, ce qui m’offrait la possibilité d’écrire, avec certes plein de fautes, des textes qui ressemblaient assez à du français.
Cela me valut quelques bonnes notes et aussi quelques inimitiés. Pas trop, et puis c’est la vie !
Le jour de gloire vint lorsque l’on me mit au catéchisme. Ma prose me valut chaque semaine d’être mis en lumière tel le portrait d’un saint sur le mur du presbytère, et l’obtention d’une image pieuse.
Dix images contre un crucifix, crucifix cédé à un enfant désireux de cet objet contre une, deux, ou trois cartes postales reçues dans leurs familles.
Cartes postales dont je grattais très soigneusement le texte pour écrire de tendres choses que j’adressais à ma petite fiancée.
C’est peut-être de là que m’est venu le goût d’écrire ?

Jan

11/2017